PORTRAIT – Depuis son départ du gouvernement Juppé, en 1997, le parcours du leader centriste est constitué d’une série de désillusions.
Le retour en grâce n’aura pas duré. En mai, l’arrivée au ministère de la justice de François Bayrou couronnait pourtant une ascension aux allures de sacerdoce. Avec 35 ans de mandats politiques au compteur, conseiller général, député, deux fois ministre de l’Education nationale de 1993 à 1997, ce fils d’agriculteur béarnais s’est d’abord employé, comme patron de l’UDF, à devenir une figure emblématique du centre, à l’image de Jean Lecanuet et de Raymond Barre, les deux figures de sa jeunesse. Avant de viser l’Elysée à trois reprises, jusqu’à se hisser en 2007 à la place du «troisième homme», derrière Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, avec 18,6% des voix.
Désillusions
Malgré ce succès, François Bayrou n’est pas parvenu à transformer l’essai. En 2007, il crée le Modem sur les fondations de l’ancienne UDF, et ne retourne à l’Assemblée nationale qu’avec deux autres députés. L’amorce d’une série de désillusions qui se prolongent à Pau – dont il échoue à conquérir la mairie en 2008 – et à la présidentielle suivante: l’ex-troisième homme occupe la cinquième place, avec 9,13% des suffrages. Il franchit alors le Rubicon et appelle à voter pour François Hollande. L’ancien allié de l‘UMP devient un traître aux yeux de la droite. Battu aux législatives de 2012 par une candidate socialiste, il abandonne son siège au Palais Bourbon. Un nouveau rendez-vous manqué.
Humilié, le Béarnais finit par arracher la mairie de Pau à la gauche en 2014. Replié sur son mandat local, François Bayrou reste président du Modem mais peu lui prêtent encore un destin national. Alors que les sondages ne le créditent que d’environ 5% des voix, il décide de tourner le dos à son ambition élyséenne. «Je ne suis pas fasciné par le pouvoir», glissait il y a un an celui qui se rêvait pourtant président de la République. Mais cette-fois-ci, François Bayrou préfère se rallier à Emmanuel Macron, annoncé comme le héraut d’une recomposition politique au centre, au-delà du clivage droite-gauche. Ce qu’il a toujours défendu.
35 jours
Avec l’élection d’Emmanuel Macron, François Bayrou a pris une revanche inespérée en forme de consécration. L’agrégé de lettres classiques a rejoint le gouvernement avec l’une de ses proches, Marielle de Sarnez. Un accord avec En marche! a permis à son parti de profiter de la vague macroniste pour entrer en force à l’Assemblée, avec 42 députés. Mais l’affaire des emplois présumés fictifs d’assistants parlementaires européens Modem a rendu l’allié centriste encombrant. En 35 jours, tout juste François Bayrou a-t-il eu le temps de porter sur les fonts baptismaux son totem: le projet de loi sur la moralisation de la vie publique. Dans l’ère du «dégagisme», le premier défenseur de l’exemplarité publique a fait les frais du soupçon. Retour à la case départ.
Source: JMTV