»Guy-Brice Parfait Kolélas, avoue être un fils de Sassou par recommandation »

Guy-Brice Parfait Kolélas:  » Après la mort de mon père biologique, Sassou était de nature le remplaçant de papa « .

Ses relations avec Denis Sassou Nguesso, le pasteur Ntumi ou encore son frère Landry, mais aussi son mysticisme supposé et sa proximité avec le Front nationale, en France… Le député de l’opposition assume ses positions.

Il aurait pu prétendre au statut de chef de l’opposition. D’autant qu’il compte neuf députés, dont lui-même, au sein de la nouvelle Assemblée nationale du Congo. Soit un de plus que l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), jusqu’ici considérée comme la première force de l’« opposition républicaine ». Mais Guy-Brice Parfait Kolélas, 58 ans, leader de l’Union des démocrates humanistes (UDH-Yuki) et ancien ministre de Denis Sassou Nguesso, n’a toujours pas obtenu l’agrément de sa structure politique. « Cela fait quatre mois que nous attendons les documents définitifs », se désole un proche de ce candidat malheureux à la présidentielle de 2016. Avec son charisme de chef traditionnel et son yuki, cette calebasse en argile omniprésente, Kolélas compte bien peser, à sa manière, dans la vie politique de son pays.

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Que vous inspirent la reconduction de Clément Mouamba au poste de Premier ministre et la formation, le 22 août, d’un nouveau gouvernement ?

uy-Brice Parfait Kolélas : C’est du domaine de l’exécutif. Moi, je suis un député. Je considère que le président Denis Sassou Nguesso sait ce qu’il fait. Il est dans ses prérogatives constitutionnelles.

Un groupe parlementaire se forme par affinités politiques. Étant tous deux dans l’opposition, nous sommes appelés à nous souder pour que notre voix porte plus loin. Agir autrement serait suicidaire. Donc je ne ferme pas la porte.

Dans le département du Pool, les élections n’ont pas pu avoir lieu dans toutes les circonscriptions, dont la vôtre. Que s’y passe-t-il vraiment ?

Lorsqu’un État ne parvient pas à assurer la sécurité dans certaines parties de son territoire, cela traduit une perte de souveraineté. J’ignore ce qu’il s’y passe, si ce n’est qu’il s’y joue une crise sécuritaire et humanitaire dont je ne connais ni les tenants, ni les aboutissants.

Il faudrait convoquer un dialogue à Kinkala, chef-lieu du Pool, entre les ressortissants du département : les élus, les sages, les chefs de villages et de congrégations religieuses… À l’issue de ces palabres, nous demanderions au gouvernement de nous autoriser à aller chercher Frédéric Bintsamou [alias le pasteur Ntumi, chef des miliciens Ninjas Nsiloulous qui a repris le maquis après la présidentielle] dans la forêt. Puis nous l’écouterions et transmettrions à l’État ses revendications.

Aujourd’hui, [le pasteur Ntumi] est recherché par l’État. Et je n’ai plus aucun contact avec lui

Frédéric Bintsamou s’était pourtant rapproché de vous lors du scrutin de 2016. Le considérez-vous encore comme un soutien ?

Il a toujours pris position pour les causes qu’il trouvait justes. En 2012, par exemple, lors des législatives, il s’était positionné contre moi à Vindza, préférant soutenir Aimé Emmanuel Yoka – un oncle du président de la République. Tout le monde alors le trouvait encore fréquentable.

Puis vint la présidentielle de 2016, et Ntumi a décidé d’appuyer ma candidature. Qui aurait décliné l’appui d’un conseiller du chef de l’État ? Mais contrairement à ce que certains ont rapporté, il n’a jamais été mon directeur de campagne. Ntumi était un membre de notre équipe. Aujourd’hui, il est recherché par l’État. Et je n’ai plus aucun contact avec lui.

La légende voudrait que vous soyez le « fils » de Denis Sassou Nguesso, votre père mourant [l’ex-Premier ministre Bernard Kolélas, décédé en 2009] vous ayant laissés, vous et votre frère Landry, entre les mains du chef de l’État…

Ce n’est pas une légende. En Afrique, quand un enfant vient au monde, il appartient à tout le monde. Dans ces conditions, lorsque votre père meurt, celui qui reste prend sa place. Et il est vrai que le président était l’un de ses amis proches.

 J’ai toujours dit au chef de l’État que j’aspirais à diriger le Congo. Nul crime de lèse-majesté là-dedans !

Est-ce lui qui vous a « fabriqué » et qui a fait de vous un homme politique ?

Non. Je me suis fait moi-même, tout en bénéficiant des conseils de mon père biologique. Mais il est vrai que mon expérience en matière de gestion de la chose publique doit beaucoup à Denis Sassou Nguesso, qui a signé le décret me nommant ministre de la République. Je lui en suis reconnaissant.

Que répondez-vous à ceux qui considèrent que vous l’avez trahi en vous opposant au changement de la Constitution ?

Un fils doit-il s’abstenir d’avoir de l’ambition ? En ce qui me concerne, je n’ai jamais caché la mienne au président. À Abidjan, durant notre exil [1997-2005], mon père biologique m’avait dit ceci : « Nous rentrerons un jour au Congo. Je te lègue mon combat. C’est à toi de décider si tu le poursuis ou pas. » J’ai hérité de son idéal, que j’assume. Depuis, j’ai toujours dit au chef de l’État que j’aspirais à diriger le Congo, conformément au legs de mon père. Nul crime de lèse-majesté là-dedans ! Denis Sassou Nguesso sait que j’ai toujours été franc avec lui.

 

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