En voyage au Burkina Faso, le président français a prononcé, mardi 28 novembre, un discours de près de deux heures devant les étudiants de l’université Ouaga-I. Nous en publions les principaux extraits.
Mesdames, Messieurs,
Je suis reconnaissant à chacun d’entre vous d’avoir suspendu pour quelques heures la tâche la plus précieuse au monde : la construction de l’avenir que vous osez inventer, selon la belle formule d’un de vos compatriotes. « Cet avenir que vous osez inventer », vous l’avez reconnue, c’est une formule de Thomas Sankara [ancien président du Burkina Faso, figure emblématique du panafricanisme, assassiné en 1987] à qui je souhaite solennellement rendre hommage.
Je ne suis pas venu ici vous dire quelle est la politique africaine de la France comme d’aucuns le prétendent. Parce qu’il n’y a plus de politique africaine de la France ! Il y a une politique que nous pouvons conduire, il y a des amis, il y a des gens avec qui on est d’accord, d’autres non. Mais il y a surtout un continent que nous devons regarder en face. (…) Cela a quelque chose de terriblement arrogant d’expliquer qu’il y aurait une homogénéité complète ; cinquante-quatre pays, avec autant d’histoire, avec plus encore d’ethnies et de langues. (…) Je parlerais donc ici devant vous de l’Afrique comme d’un continent pluriel, multiple, fort, où se joue une partie de notre avenir commun.
Je vous parlerais avec sincérité mais aussi avec une profonde amitié. Je suis comme vous d’une génération qui n’a jamais connu l’Afrique comme un continent colonisé.
Je suis d’une génération dont l’un des plus beaux souvenirs politiques est la victoire de Nelson Mandela et son combat contre l’apartheid. Je suis d’une génération de Français pour qui les crimes de la colonisation européenne sont incontestables et font partie de notre histoire. (…) Je suis d’une génération où on ne vient pas dire à l’Afrique ce qu’elle doit faire, quelles sont les règles de l’Etat de droit, mais [qui] encouragera celles et ceux qui en Afrique veulent prendre leurs responsabilités, veulent faire souffler le vent de la liberté. (…)